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Eva Berneke

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Eva Berneke
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Fonctions
Directrice générale EUtelsat S.A. depuis janvier 2022
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (55 ans)
Nationalité
Formation
Activités

Eva Berneke (née le ) est une cheffe d'entreprise danoise devenue en 2022 Directrice générale d'Eutelsat.

Elle est diplômée de l'Université technique du Danemark, où elle obtient une maîtrise en génie mécanique en 1992[réf. nécessaire]. Elle est également titulaire d'un Master of Business Administration de l'Institut européen d'administration des affaires (INSEAD), obtenu en 1995[réf. nécessaire]. Elle commence sa carrière comme consultante et associée chez McKinsey en France. En 2007, elle entre chez TDC, la principale entreprise danoise de télécommunication, où elle occupe les postes de Chief Strategy officer dans la filiale "Mobiles", TDC A/S, Mobile Nordic et devient Vice-Présidente exécutive jusqu'en 2014. Elle devient ensuite en mars 2014 directrice genérale de KMD, au départ un fournisseur local d'Internet, qui devient sous sa direction la principale société danoise de logiciels et de solutions informatiques multisectorielles, et filiale du groupe japonais NEC[1],[2].

Le , elle prend la direction générale d'Eutelsat, la société française de satellites[3],[4]. Elle est sélectionnée par un chercheur de têtes. Sa principale mission est d'assurer la transition de l'entreprise de son activité principale (la transmission "vidéo" pour les éditeurs de chaînes de télévision) vers la connectivité (Internet, services aux entreprises, aux administrations, à l'armée, à la recherche)[5]. Elle considère que l’industrie spatiale traditionnelle à base de satellites géostationnaires dont Eutelsat est l’un des principaux représentants, est compatible avec la nouvelle génération de satellites "de constellation" tels que OneWeb, dont Eutelsat est devenu actionnaire en 2021 et qui déploie une constellation inédite de 650 minisatellites en orbite basse pour fournir des services internet[6].

Elle est administratrice de deux entreprises danoises emblématiques, Lego et le fabricant d'éoliennes Vestas Wind Systems, et de la Banque nationale du Danemark. Elle est également membre du Conseil d'administration de l'École polytechnique[7].

En 2019, elle reçoit le prix Womenomics qui distingue les femmes managers danoises[8],[9].

Moins de deux mois après sa prise de fonction en tant que Directrice générale d'Eutelsat, Eva Berneke est confrontée à la crise importante que représente pour l'entreprise l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le . La Russie est en effet un marché et un partenaire important pour l'entreprise française qui y a réalisé en 2020/2021 6,3 % de son chiffre d'affaires[10]. OneWeb est contraint d'annuler son lancement prévu le 4 mars de 36 satellites sur l'une des fusées russes Soyouz après que l'agence spatiale russe Roscosmos ait exigé une garantie que la technologie ne soit pas utilisée à des fins militaires et que le gouvernement britannique vende sa participation dans l'entreprise[11]. Le , Eutelsat annonce la signature d'un protocole d'accord avec OneWeb prévoyant la fusion des deux sociétés durant le premier semestre 2023[12].

Mais c'est surtout la question de la continuation des activités avec les deux plates-formes russes de télévision à péage, NTV Plus (filiale de Gazprom Media Holding) et Trikolor qui fait l'objet de critiques. Ces deux plates-formes diffusent en effet les principales chaînes d’État (Rossiya 1, Perviy Kanal et NTV) vers 15 millions de foyers russes, mais aussi, à partir de début mars, elles interrompent la transmissions de huit chaînes internationales d'information. Les premières critiques viennent de la presse ukrainienne[13], puis prennent une dimension internationale à la suite de l'action du Comité Denis Diderot, qui publie un rapport et une pétition demandant des sanctions européennes contre les deux clients russes d'Eutelsat[14],[15],[16]. La responsabilité personnelle d'Eva Berneke est mise en cause dans la presse danoise[17],[18],[19],[20],[21]. Confrontée à l'absence de rupture avec la machine de propagande russe que signifie la position d'Eva Berneke, l'influente journaliste Birgitte Ehradtsten va même jusqu'à remettre en cause la solidarité entre femmes[22]. Le consultant John Strand est encore plus sévère : « En tant que PDG d'Eutelsat, Berneke avait deux choix : quitter la Russie ou rester et soutenir Poutine. Berneke non seulement rejette la direction de la boussole morale, mais elle soutient la guerre de Poutine en censurant les informations comme il l'exige »[23]. Eva Berneke répond à ces critiques en invoquant la neutralité à laquelle son entreprise est tenue et en indiquant qu'il appartient aux régulateurs français et européens de prendre les décisions de sanctions éventuelles par rapport aux deux plates-formes[24]. Le Comité Denis Diderot reconnaît que le Code d'éthique d'Eutelsat S.A. implique bien ce principe de neutralité mais note que les plates-formes russes ne respectent pas les principes de pluralisme inscrits dans la Convention de l'organisation intergouvernementale EUTELSAT IGO, que les principales chaînes diffusées par les deux plates-formes contiennent de la propagande de guerre voire de l'incitation au génocide et qu'Eva Berneke n'a visiblement pas sollicité les régulateurs pour permettre la rupture des contrats avec ses deux clients problématiques[25],[26]. Le , le Ministre de la Culture ukrainien Oleksandr Tkatchenko interpelle son homologue française Rima Abdul-Malak sur la question[27]. Dans une déclaration au Telegraph, Eva Berneke déclare que les plates-formes russes distribuent surtout des chaînes de « divertissement, de sports et pour enfants »[28]. Cette déclaration est dénoncée comme un mensonge par André Lange, coordinateur du Comité Denis Diderot[29].

Notes et références

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  1. (da) Dan Jensen, « Her er KMD's nye topchef. KMD har udnævnt ny topchef. Se hende her », sur Computer World, .
  2. (en) « Change in KMD'S Top Management : Eva Berneke leaves KMD and Per Johansson Takes Ober as CEO », sur KMR, .
  3. Christophe Palierse, « La danoise francophone Eva Berneke prend la direction d'Eutelsat », Les Echos,‎ (lire en ligne).
  4. (en) Jason Rainbow, « Eva Berneke to be Eutelsat’s next CEO », SpaceNews,‎ (lire en ligne).
  5. (en) Mark Holmes et Rachel Jewett, « Eutelsat is Set for an Evolution With New CEO Eva Berneke », Via Satellite,‎ .
  6. Hassan Meddah, « Eva Berneke, directrice générale d’Eutelsat, unit deux générations spatiales », L'Usine nouvelle,‎ (lire en ligne).
  7. « Eutelsat : Eva Berneke nommée Directrice générale », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  8. « Womenomics Awards ».
  9. (da) « KMD-topchef bliver hædret som rollemodel », Finans,‎ (lire en ligne).
  10. (en) Eutelsat S.A., « Communiqué de presse », .
  11. (en) Jason Rainbow, « OneWeb leaves Baikonur Cosmodrome after Roscosmos ultimatum », SpaceNews,‎ (lire en ligne).
  12. « Rapprochement Eutelsat - OneWeb : une avancée décisive pour la connectivité par satellite », Communiqué de presse Eutelsat,‎ (lire en ligne).
  13. (en) Jim Philipoff, « How to Use Satellite TV To Break into Putin’s TV Propaganda Fortress », Kyiv Post,‎ (lire en ligne).
  14. (en) Julian Clover, « Calls for sanctions on Russian pay-TV satellite platforms Tricolor and NTV+ », sur Broadband TV News, .
  15. (en) European Federation of Journalists, « Eutelsat Removes Western TV Channels from Broadcasting in the Russian Federation », Council of Europe, .
  16. Pour le détail des réactions, voir la page Réactions du site du Comité Denis Diderot.
  17. (da) « Dansk topchef i modvind – beskyldes for at holde liv i Putins propaganda », Børsen,‎ (lire en ligne).
  18. (da) « Dansk topchef angribes for at udbrede Putin-propaganda », Berlingske,‎ (lire en ligne).
  19. (da) « Tidligere KMD-topchef havnet i modvind for at levere satellitforbindelser til russisk propaganda », IT Watch,‎ (lire en ligne).
  20. (da) « Dansk topchef i modvind – beskyldes for at holde liv i Putins propaganda », IT Watch,‎ (lire en ligne).
  21. Satellit-selskab med Eva Berneke i spidsen beskyldes for at holde hånden under russernes propaganda Computer World, 26.4.2022
  22. (da) Brigitte Ehrardsten, « Troede du også, at kvindelige topledere var flinkere end mænd? Krigen i Ukraine viser, at det er de ikke », Berlingske,‎ (lire en ligne).
  23. (en) « French satellite provider Eutelsat ignores the moral compass and continues to operate in Russia », sur Strand Consult, .
  24. (da) « Eva Berneke: Om russisk-europæisk krydsild, storpolitik, it-monopoler og Elon Musk », Radar Media,‎ (lire en ligne) ; Traduction en anglais sur le site du Comité Denis Diderot.
  25. André Lange et Jim Phillipoff, « Le rôle déplorable d’Eutelsat dans la transmission de la propagande russe », Le Soir,‎ (lire en ligne).
  26. (de) Jürg Altwegg, « Wieso läuft Putins Kriegspropaganda auf Frankreichs Satelliten? », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne).
  27. (uk) « Ткаченко пропонує Франції очолити створення Європейського фонду для допомоги українській культурі », ukrinforma.ua,‎ (lire en ligne).
  28. (en) Matthew Field, « UK to become shareholder in French company accused of broadcasting Russian propaganda », The Telegraph,‎ (lire en ligne).
  29. (de) Jürg Altwegg, « Eutelsat-Skandal. Frankreichs Satelliten sind Putin zu Diensten », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne).